Carlos Reutemann, l’autre champion sans couronne

En ce 12 avril, Carlos Reutemann fête ses 77 ans. L’occasion pour nous de revenir sur la carrière de ce pilote argentin venu sur le tard en Formule 1 mais qui, tel un Stirling Moss, s’est forgé un joli palmarès sans jamais avoir décroché le titre mondial.

Débutant la course automobile dans son pays au cours des années 60, la carrière sportive de Carlos Reutemann décolle véritablement au début des années 70 lorsqu’il s’engage dans le championnat d’Europe de F2 grâce à l’appui de l’automobile club d’Argentine.

Carlos Reutemann signe la pole pour son premier Grand Prix

Dauphin de Ronnie Peterson en 1971, il tape dans l’oeil de Bernie Ecclestone qui l’engage pour piloter une Brabham en 1972. Il débute en F1 à domicile sur le circuit de Buenos Aires. Sa Brabham BT34 n’est pas la plus performante du plateau mais cela ne l’empêche pas de signer une retentissante pole position. Seuls Mario Andretti et Jacques Villeneuve ont réussi cet exploit en 68 saisons de F1.

Brabham progressant de saison en saison, il va monter sur ses premiers podiums en 1973 avant de remporter trois Grands Prix l’année suivante. En 1975 il dispose d’une machine plus fiable mais moins performante que la Ferrari de Lauda et la McLaren de Fittipaldi. Grâce à sa régularité il montera sur le podium final de la saison.

En route pour Ferrari

En 1976, Bernie Ecclestone choisit d’abandonner le vénérable V8 Ford Cosworth pour le Flat 12 Alfa Romeo. Cette décision s’avèrera catastrophique et lassé par ses multiples abandons il accepte la proposition de Ferrari qui cherche un remplaçant à Lauda grièvement brûlé au Nürburgring.

Contre toute attente l’Autrichien est de retour dès le Grand Prix d’Italie. Pour honorer son contrat, Ferrari engage alors une troisième voiture pour Reutemann.

Mis sur la touche pour la fin de saison 1976, il devient titulaire aux côtés de Lauda l’année suivante. Malgré les craintes de Ferrari, l’Autrichien a pleinement retrouvé ses capacités de pilote et décroche un deuxième titre mondial tandis que Reutemann, après une prometteuse première demi-saison, rentre dans le rang et  termine à la quatrième place du championnat.

En désaccord avec Enzo Ferrari, Lauda claque la porte de l’équipe et Reutemann devient alors le leader des rouges. En 1978 il domine un Gilles Villeneuve encore débutant et décroche quatre victoires. Malheureusement pour lui les Lotus 79 à effet de sol d’Andretti et Peterson  sont diaboliquement efficaces et il échoue encore une fois sur la troisième marche du podium de la saison.

Les années Lotus

Alléché par la proposition de Lotus qui souhaite le recruter pour remplacer Ronnie Peterson décédé suite à son accident du Grand Prix d’Italie, il quitte alors Ferrari. L’avenir montrera qu’il s’agit d’un mauvais choix d’autant plus que c’est Jody Scheckter, son successeur chez Ferrari, qui décroche la couronne mondiale. Les Lotus ont perdu leur avantage technique par rapport à la concurrence et il termine la saison à une modeste septième place. Il aura juste la satisfaction d’avoir dominé le champion du monde en titre.

Malgré tout la cote de Carlos Reutemann reste élevée dans les paddocks et il est recruté par Williams, l’équipe qui monte, pour la saison 1980. Comme avec Ferrari en 1977, il dispose une nouvelle fois de la meilleure voiture du plateau. Mais face à Alan Jones qui est le favori de Frank Williams il fait figure de n°2 et voit son équipier remporter la couronne mondiale.

Reutemann rate le titre pour un point

L’Argentin pense tenir sa revanche en 1981. Il va dominer non seulement Alan Jones mais aussi ses autres concurrents la majeure partie de la saison. Mais comme dans un mauvais scénario il perd le titre pour un petit point face à Nelson Piquet lors de la dernière manche de la saison.

Malgré cette déception et l’ambiance détestable chez Williams il poursuit sa collaboration avec l’équipe à l’entame de la saison 1982. Deuxième lors de la manche inaugurale à Kyalami il surprend tout le monde en annonçant sa retraite sportive au soir du Grand Prix suivant au Brésil. A l’approche de la quarantaine il se destine à une carrière politique dans son pays qui se poursuit encore aujourd’hui.

Un jolie palmarès éclectique

Vainqueur de 12 Grands Prix, il est le seul non champion du monde avec Gerhard Berger à avoir vaincu au volant de trois écuries différentes. Il est aussi le seul pilote à avoir obtenu des podiums en championnat du monde de F1 et des rallyes.