F1: Ils ont réalisé leur rêve Ferrari

Alors qu’ils n’auraient jamais dû se présenter sur une grille de départ au volant d’une Ferrari, des circonstances exceptionnelles leur ont permis de réaliser le rêve de nombreux pilotes. Certains ont profité de cette opportunité pour obtenir les meilleurs résultats de leur carrière. Pour d’autres en revanche ce fut le chant du cygne.

Gianni Morbidelli – Grand Prix d’Australie 1991

Après avoir lutté pour le titre mondial en 1990, Ferrari poursuit sa collaboration avec Alain Prost pour la saison 1991. Mansell parti chez Willams, la Scuderia engage un duo de pilotes 100% français avec l’arrivée de Jean Alesi. Hélas les modèles 642 puis 643 sont incapables de rivaliser avec les McLaren-Honda et les Williams-Renault et s’avèrent peu fiables. Lassé par une saison vierge de toute victoire, Prost déclare au soir du Grand Prix du Japon: « Même un camion serait plus facile à conduire que cette voiture. La Ferrari 643 ne se conduit pas seulement comme un camion, c’est un camion !  » Cette formule malheureuse a pour effet son éviction immédiate de l’équipe. C’est ainsi que Gianni Morbidelli, alors troisième pilote de la Scuderia, obtient le baquet de la Ferrari n°27 pour le dernier Grand Prix de la saison à Adélaïde. Qualifié huitième, il se retrouve sixième lorsque la course est définitivement interrompue après 14 tours seulement. Après cette pige prestigieuse l’Italien courra encore jusqu’en 1997 au volant de différentes voitures (Minardi, Footwork et Sauber) avec en point d’orgue une troisième place à Adélaïde en 1995.

Nicola Larini – 1992 et 1994 (4 Grands Prix)

En 1992, la Ferrari F92 s’avère encore moins performante que la 643. Sur les 21 points marqués par l’équipe, seulement 3 sont l’oeuvre d’Ivan Capelli le nouvel équipier de Jean Alesi. Accumulant les contre-performances et les abandons, l’Italien est licencié au soir du quatorzième Grand Prix à Estoril. Nicola Larini, pilote essayeur est alors appelé à le remplacer pour les deux derniers Grands Prix de l’année qu’il terminera hors des points. En 1994, il remplace Jean Alesi, blessé aux cervicales, à Aïda (accrochage avec Senna) et lors du funeste Grand Prix de Saint-Marin. C’est à l’occasion de ce dramatique week-end qu’il obtient le meilleur résultat de sa carrière en prenant la seconde place derrière Schumacher. On reverra encore Larini en F1 avec Sauber à l’occasion de 5 Grands Prix en 1997.

Mika Salo – 1999 (6 Grands Prix)

En 1999, Michael Schumacher incarne tous les espoirs de titre mondial pour la Scuderia Ferrari. Deuxième du classement général provisoire, l’Allemand se brise les jambes dans un accident durant le Grand Prix de Grande-Bretagne. Il est indisponible pour plusieurs mois. A égalité de points avec son chef de file au soir de cette course, Eddie Irvine est propulsé leader de son équipe. Jean Todt qui a apprécié travailler avec des pilotes finlandais (Vatanen, Salonen, Rosberg) lorsqu’il dirigeait Peugeot-Sport décide de faire appel à Mika Salo pour aider Irvine à conquérir le titre. Sans volant il a déjà remplacé un autre pilote blessé (Ricardo Zonta) en début de saison chez BAR-Supertec. En dehors des points en Autriche, il réussit la course de sa vie à Hockenheim. Alors qu’il pouvait décrocher sa première victoire en F1, il obéit aux ordres de son équipe et laisse passer Irvine. Cette deuxième place restera la meilleure performance de sa carrière. Il décrochera un autre podium (troisième) à Monza devant des milliers de tifosi. Après six Grands Prix en rouge, il rend son baquet à Schumacher rétabli après le Grand Prix d’Europe. Ironie du sort, son sacrifice d’Hockenheim n’aura servi à rien puisque Irvine perdra le titre pour deux points face à Hakkinen.

Luca Badoer – 2009 (2 Grands Prix)

Lors des essais qualificatifs du Grand Prix de Hongrie 2009, Felipe Massa est grièvement blessé au visage par un ressort tombé de la voiture de Barrichello. La Scuderia contacte alors Michael Schumacher retraité depuis fin 2006 pour remplacer le Brésilien. Le septuple champion du monde qui songe de plus en plus à replonger dans le bain de la F1 donne son accord. Mais lors d’une séance de roulage, de violentes douleurs à la nuque (séquelles d’un accident de moto) l’obligent à renoncer. Au pied du mur, Ferrari décide alors de donner sa chance à Luca Badoer, son fidèle pilote d’essais depuis onze ans. L’Italien, âgé de 38 ans n’a pas participé à un Grand Prix de Formule 1 depuis 10 ans. Son retour est catastrophique. Qualifié deux fois vingtième et dernier sur la grille, il boucle ses deux courses en queue de peloton. Logiquement il est écarté au profit de son compatriote Giancarlo Fisichella qui vient de signer une magnifique pole position suivi d’une seconde place à Spa au volant d’une Force India.

Giancarlo Fisichella – 2009 (5 Grands Prix)

Malgré la bonne forme de la Force India sur les circuits rapides, le Romain ne peut refuser l’offre de Ferrari pour terminer la saison 2009 en rouge. A Monza, devant les tifosi, il se qualifie seulement quatorzième et se classe neuvième de la course. Dans le même temps son ex-équipier Adrian Sutil part en première ligne et hisse la Force India en quatrième place. Le reste de la saison sera du même accabit pour Fisico qui enchaîne les fonds de grille et les arrivées hors des points. Ainsi s’achèvera de manière assez piteuse la carrière en F1 de Fisichella qui deviendra malgré tout pilote de réserve de la Scuderia et participera à des courses d’endurance au volant de Ferrari 458.