Mario Andretti le dur à cuire!

Alors qu’il s’apprêtait à intégrer l’écurie Brabham pour la saison 1987, Adrian Newey reçoit un coup de fil de Bernie Ecclestone le propriétaire de l’équipe. Ce dernier l’informe qu’il vient de vendre ses parts dans l’écurie et que, bien que son contrat soit toujours valide, l’aventure se fera sans lui. Dans ces conditions l’ingénieur décide lui aussi de renoncer. C’est ainsi qu’il trouve refuge en Indycar en qualité d’ingénieur de piste de Mario Andretti, pilote Newman/Haas. Un championnat qu’il connait bien pour avoir conçu les châssis March 85 C et 86 C.   

En ce début d’année 1987, l’équipe Newman/Haas participe aux essais préparatoires d’avant-saison sur le circuit californien de Laguna Seca. Comme toujours le planning est très serré et par manque de temps la voiture du champion du monde de F1 1978 est envoyée en piste sans radio de bord. La journée de tests se déroule normalement jusqu’à ce que les membres de l’équipe voient avec effroi l’Italo-Américain passer devant eux à pleine vitesse avec une voiture endommagée. Son aileron arrière s’est détaché et pend dangereusement sur le côté de sa monoplace. Cet élément aérodynamique essentiel permet de plaquer la voiture au sol grâce à l’effet de déportance qu’il procure. Sans lui la voiture va aborder la prochaine courbe sans appui et va devenir incontrôlable. Dans son cockpit Mario Andretti ne s’est visiblement aperçu de rien et fonce vers le prochain freinage. Sans moyen de communication pour prévenir son pilote, Adrian Newey se retrouve totalement démuni pour éviter un drame. Et comme il le craignait, quelques secondes plus tard, un énorme fracas arrive jusqu’à ses oreilles. Dans le virage un, l’un des plus rapides du circuit, le pilote a perdu le contrôle et s’est fracassé contre le mur.

Sautant dans une voiture les membres de l’équipe arrivent rapidement sur les lieux du crash. La monoplace s’est coupée en deux. D’un côté se trouve la boîte de vitesses et les roues arrières, de l’autre le cockpit, couché sur le flanc dans un fossé. Au milieu des débris Newey aperçoit avec soulagement son pilote, indemne malgré la violence du choc. Se précipitant vers lui il lui demande comment il va. Nullement impressionné par le terrible accident qu’il vient de subir Mario Andretti lui répond, tout en fixant son poignet: “Ma foutue montre s’est arrêtée!” Dans l’échelle des émotions, le curseur des champions n’est pas positionné au même endroit que pour le commun des mortels!

Anecdote tirée de l’autobiographie d’Adrian Newey parue aux éditions Talent Sport