Témoignage: « J’ai assisté aux derniers essais de Senna sur le circuit Paul Ricard en 1994 »
François Bequignat a baigné dans le sport automobile depuis sa plus tendre enfance. Le virus, il l’a attrapé en lisant l’excellent livre de Jean-Claude Hallé « François Cevert, la mort dans mon contrat ». Il avait alors huit ans. Passionné par les pilotes au caractère flamboyant comme Ronnie Peterson, Didier Pironi et bien sûr Ayrton Senna il a tenté lui aussi d’aller au bout de sa passion en devenant pilote. A tout juste 18 ans il s’inscrit au Volant Elf 1987 sur le circuit de Magny-Cours. Comme beaucoup d’apprentis pilotes l’aventure s’arrête là pour lui faute de budget pour financer une saison complète, mais la passion de la course reste fermement ancrée en lui. Le lundi 28 février 1994 l’équipe Williams-Renault procède à des essais privés sur le circuit Paul Ricard avec son nouveau pilote Ayrton Senna. En compagnie de son père et d’un ami, François est présent sur le circuit provençal pour être au plus près de son idole. Il nous raconte cette journée si particulière.
« J’étais avec mon père et un ami à lui inconditionnel d’Ayrton l’après midi du 28 février 1994 au Paul Ricard. Dans la ligne droite du mistral Williams avait loué le fameux hangar tôlé. »
Lors des essais privés sur le circuit du Castellet, Williams, motorisée par Renault, n’utilisait pas les stands habituels mais occupait un bâtiment, propriété de Renault Sport, situé à l’opposé du tracé.
« On est arrivé en début d’après-midi. Ayrton était en train de déjeuner vers 14h . Je le voyais derrière une baie vitrée à environ une dizaine de mètres de nous. À un moment donné après le repas, un Renault Trafic s’est garé devant le hangar. Une très vieille dame sur un fauteuil roulant en est sortie. Il s’agissait d’une ancienne religieuse. Senna est apparu et est venu à sa rencontre pour lui offrir sa casquette qu’il lui a dédicacée. Elle paraissait très émue. On le sait, Senna était un fervent croyant. »
« Ensuite il a repris la piste par petites séries de 5 ou 6 tours. Il rentrait puis repartait. Dans l’après-midi, alors que ses mécaniciens s’affairaient sur sa monoplace il est venu à la rencontre de ses fans massés contre les grillages. Il a signé des autographes pendant une bonne demi-heure. La foule s’agglutinait et je me suis dit: j’en ai marre de faire la queue je lui en redemanderai un autre à Monaco en mai. A ce moment précis on ne soupçonnait pas ne jamais le revoir. »
« Dans le double droite du Beausset je me souviens qu’il mettait des petits coups de gaz pour « placer » l’auto. Plus tard en fin d’après-midi un monsieur en VTT qui était venu en voisin fit une remarque particulièrement troublante en le voyant tourner. « C’est bizarre pour moi il a brûlé son capital vie ». Je fus très surpris et lui demanda une explication. Il me dit quand je le vois rentrer dans Signes (la courbe à droite la plus rapide du circuit) il me rappelle Peterson ou Villeneuve toujours à la limite. Prémonition…? »
La vidéo de cette journée d’essais est visible sur Youtube
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