Jour de gloire: Ivan Capelli – Estoril 1988

Dans une carrière de F1 il y a des hauts et des bas. Certains pilotes, à défaut de s’être constitués un palmarès prestigieux ont connu leur jour de gloire en réussissant un résultat exceptionnel. Première histoire de cette série: la performance d’Ivan Capelli lors du Grand Prix du Portugal 1988.

Ce dimanche 25 septembre 1988 Ivan Capelli, 25 ans, achève sa deuxième année au sein de l’équipe March. Après un début de saison difficile, il a marqué ses premiers points au Canada en terminant cinquième, performance qu’il ré-édite à Hockenheim. A Spa il fait même mieux en décrochant la troisième place sur tapis vert après le déclassement des deux Benetton pour essence non conforme. Lorsqu’il débarque à Estoril il vient encore de marquer deux points à Monza.

Première monoplace conçue par Adrian Newey, la March 881 est aussi belle avec sa robe turquoise que véloce. Malgré son moteur atmosphérique fourni par Judd, alors que la plupart des autres concurrents sont équipés de blocs suralimentés, l’Italien et son équipier Mauricio Gugelmin se qualifient régulièrement dans le top 10 depuis la mi-saison.

Sur le rapide circuit d’Estoril Capelli boucle la dernière séance de qualifications avec le troisième temps derrière les intouchables McLaren-Honda de Prost et Senna. Il s’agit du meilleur résultat d’ensemble de l’équipe.

Le dimanche, la course est lancée de manière mouvementée. Après une interruption de 25 minutes suite à un carambolage impliquant Warwick, De Cesaris, Perez-Sala et Nakajima, un deuxième départ est donné. Au premier freinage Senna parvient à s’infiltrer devant Prost le poleman. Ce dernier récupère son bien au deuxième tour dans un dépassement qui fera couler beaucoup d’encre. Tassé contre le mur de manière dangereuse par le Brésilien, Prost reste pied au plancher et repasse en tête par l’intérieur.

Troisième, Capelli n’a rien manqué du spectacle. Il déclarera même s’être recroquevillé dans son cockpit pensant que l’accrochage entre les deux McLaren était inévitable. Alors que Prost s’échappe en tête, la March parvient à soutenir le rythme imprimé par le Brésilien. Mieux que ça, Capelli est en mesure d’attaquer son adversaire. Après plusieurs tentatives infructueuses, l’Italien trouve la faille au 22ème tour et améliore le record du tour dans la foulée.

Le voilà désormais en position de revenir sur le leader qui possède une dizaine de secondes d’avance. Sentant le Français à sa portée il enchaîne les tours rapides poussé par Berger qui a haussé lui aussi le rythme. En une douzaine de tours le voilà revenu à deux secondes du leader. En fait ce dernier souffrait de surconsommation et avait volontairement réduit sa pression de suralimentation. En apercevant la monoplace turquoise dans ses rétroviseurs, Prost augmente la cadence. En déficit de puissance par rapport au V6 Turbo Honda et souffrant de coupures moteur, Capelli rend alors les armes sans doute échaudé par l’abandon de son équipier dans un panache de fumée.

Il coupe la ligne d’arrivée avec moins de dix secondes de retard sur le Français et plus de 34 secondes d’avance sur la Benetton de Boutsen. Durant cette saison ultra-dominée par Prost et Senna, il aura été le seul en mesure de contester une victoire McLaren à la régulière.

Deux ans plus tard sur le circuit Paul Ricard il terminera à nouveau deuxième derrière Prost au volant de sa Leyton House. Grâce à une stratégie sans arrêt au stand il aura même le privilège de mener le Grand Prix de France jusqu’à deux tours de l’arrivée avant de céder face à la Ferrari de Prost.

En 1992 il croira toucher le Graal en intégrant la Scuderia Ferrari. Archi-dominé par Jean Alesi au volant d’une monoplace peu compétitive, il réalisera une saison catastrophique et sera limogé et remplacé par Nicola Larini à deux manches de la fin de saison.