Olivier Grouillard: Un pilote de course éclectique devenu chef d’entreprise à succès
Avec 41 Grands Prix à son actif, Olivier Grouillard n’a sans doute pas obtenu le palmarès en F1 qu’il aurait mérité. Il n’en demeure pas moins un pilote de F1 français à la carrière éclectique et à la personnalité attachante. Homme de challenge, il fait partie des rares pilotes tricolores à s’être attaqué aux trois monuments du sport automobile que sont le Grand Prix de Monaco, les 24 heures du Mans et les 500 Miles d’Indianapolis .
Olivier Grouillard, un pilote toulousain pur jus
Avec son accent chantant, difficile pour Olivier Grouillard de renier ses origines. C’est à Toulouse, dans la ville rose qu’il naît le 2 septembre 1958.
Très jeune il se passionne pour le sport automobile et commence à pratiquer le karting au début de l’adolescence.
Durant 9 saisons, il arpente les pistes de Midi-Pyrénées et au-delà avant de tenter l’aventure du pilote Elf Winfield 1981.
Lauréat du pilote Elf Winfield 1981
Sous les yeux de Didier Pironi, Alain Prost, Frank Williams et d’une partie de la presse française il remporte cette compétition relevée destinée à détecter de nouveaux talents.
La récompense obtenue est primordiale pour entamer une carrière de pilote. Le pétrolier Elf lui finance une saison entière en Formule Renault.
Olivier Grouillard ne rate pas cette opportunité de se faire remarquer. Avec 2 pole positions, 5 podiums dont une victoire, il hisse sa Martini MK36 au quatrième rang du championnat de France de Formule Renault Turbo 1982. Une saison dominée par Gilles Lempereur.
Dès 1983 il intègre l’équipe Oreca d’Hugues de Chaunac qui lui confie une Martini MK39 à moteur Alfa Romeo. Cette fois il s’attaque au championnat de France de Formule 3.
Face à des adversaires aussi coriaces que Marc Sourd et François Hesnault, Olivier Grouillard ne démérite pas. Il signe deux pole positions et trois podiums. Le titre de champion de France de F3 1983 revient à son équipier Michel Ferté. Lui se classe encore une fois quatrième.
1984: Olivier Grouillard devient champion de France de F3
En 1984 il devient logiquement le leader du team Oreca aux côtés d’un certain Paul Belmondo. Avec 8 podiums en 9 courses, 4 victoires et 5 poles il devient champion de France de la discipline devant Frédéric Delavallade et Pierre-Henri Raphanel. A 26 ans Olivier Grouillard décroche son premier titre majeur en sport automobile.
Saisons de galère en F3000 international
Désormais les portes du tout nouveau championnat de F3000 international lui sont ouvertes. Le Toulousain fait le grand saut avec Oreca qui se charge de l’exploitation de sa March 85B à moteur Cosworth. Au sein de l’équipe varoise il retrouve son ancien compagnon d’écurie Michel Ferté.
Une première saison d’apprentissage avec Oreca
Ce dernier atteint le Top 5 du championnat en montant sur trois podiums et en signant 2 pole positions. Pour Olivier Grouillard c’est plus compliqué. Il termine à une anonyme douzième place en ayant grappillé 7 petits points en 8 épreuves.
En 1986 Oreca choisit de reconduire Michel Ferté mais l’écarte au profit de Pierre-Henri Raphanel, le nouveau champion de France de F3.
Ecarté, Olivier trouve refuge chez Horag
Pour sa part, Olivier Grouillard doit se contenter de 4 courses chez Horag/Formula Team Limited, une structure suisse qui engage des châssis Lola.
Son équipier est Mike Thackwell qui végète dans l’antichambre de la F1 depuis plusieurs saisons. Ce Néo-Zélandais est pourtant connu à l’époque pour être le plus jeune pilote à avoir disputé un Grand Prix de F1. C’était au Canada en 1980.
A la fin de l’année 86, le bilan du Toulousain est bien maigre avec une 13ème place et 4 points marqués.
Retour difficile chez Oreca
L’année suivante il rempile pour une troisième saison en F3000 et retourne chez Oreca. Cette fois il se mesure au rapide Yannick Dalmas. Le récent champion de France de F3 remporte deux victoires à Pau et à Jarama et se classe cinquième au classement général avec 20 points.
Olivier Grouillard souffre de la comparaison. En 9 courses il ne marque que 4 points. Son classement au championnat est le reflet de sa très mauvaise saison 1987: 17éme.
Parenthèse en FIA World Touring Car championship
Parallèlement il assure ses arrières en terminant septième du FIA World Touring Car championship. Le team Bigazzi lui confie une BMW M3 au volant de laquelle il domine son équipier Luis Pérez-Sala, le vice-champion de F3000 1987. Dans ce très relevé championnat de voitures de tourisme il côtoie des noms aussi célèbres que Roberto Ravaglia, Klaus Ludwig, Emanuele Pirro ou encore le regretté Roland Ratzenberger.
Mais malgré ses contre-performances en monoplace, Olivier Grouillard ne renonce pas pour autant à ses rêves de Formule 1.
Vice-champion international de F3000 1988 avec GDBA Motorsports
Tout en participant à 7 manches du FIA World Touring Car championship, il garde un pied en F3000.
Après avoir réalisé d’excellents débuts en F3000 la saison précédente, l’équipe GDBA l’associe à Michel Trollé en 1988.
Il s’agit d’une structure française née à l’initiative du journaliste Gilles Gaignault. Son beau-père, Pierre Blanchet, PDG de Blanchet Locatop, en assure l’essentiel du financement. Jean-Paul Driot et René Arnoux sont également associés à cette entreprise ambitieuse.
La saison 88 est nettement dominée par le Brésilien Roberto Moreno. Cependant, grâce à une tonitruante fin de saison où il enchaîne trois pole positions et deux victoires au Mans et à Zolder, Olivier Grouillard se classe deuxième du championnat 1988.
Une saison particulièrement relevée. Il suffit de consulter les noms des participants pour s’en convaincre. Martin Donnelly, Pierluigi Martini, Bertrand Gachot, Mark Blundell, Eric Bernard, Johnny Herbert ou encore Jean Alesi, tous iront en F1 et certains gagneront même des Grands Prix.
A plus de trente ans le voilà désormais prêt à intégrer le plateau de Formule 1.
1989: Ses débuts en F1 chez Ligier
Grâce à sa réputation d’excellent metteur au point et au soutien d’Elf, il est appelé par Ligier pour remplacer Stefan Johansson. On imagine également que René Arnoux, associé dans le projet GDBA, a plaidé sa cause auprès de Guy Ligier.
En 1989 les voilà équipiers au volant des JS33 bleues propulsées par un V8 Cosworth.
Le moins que l’on puisse dire est qu’Olivier Grouillard ne rate pas ses débuts dans la catégorie reine. Il domine largement René Arnoux que ce soit en qualifications ou en course. Certes le Grenoblois a dépassé la quarantaine mais il s’agit tout de même du Français en F1 le plus capé après Alain Prost.
Le point d’orgue de sa saison est sa sixième place lors du Grand Prix de France. Devant son public il marque son premier point. Hélas pour lui sa performance passe un peu inaperçue. D’une part la victoire revient à un Français en la personne d’Alain Prost. D’autre part la sensationnelle quatrième place de Jean Alesi pour ses débuts en F1 attire toute l’attention des journalistes.
Olivier Grouillard ne le sait pas encore mais ce 9 juillet 1989 il atteint, sur le circuit Paul Ricard, l’apogée de sa carrière en Formule 1.
En dépit d’une première saison largement satisfaisante il n’est pas conservé par Ligier pour 1991. L’équipe de Magny-Cours est renouvelée à 100% avec l’arrivée de Thierry Boutsen et Erik Comas.
Le difficile exercice des préqualifications avec Fondmetal-Osella
Son avenir passe désormais par la petite équipe italienne Fondmetal-Osella. Son petit budget ne lui permet d’engager qu’une seule voiture.
Ne disposant pas d’une monoplace performante il réussit tout de même à se qualifier à neuf reprises. Il verra seulement quatre drapeaux à damier en 1990 avec une treizième place à Montréal pour meilleur résultat.
Son seul fait de gloire de la saison sera une très belle huitième place en qualifications lors de la manche d’ouverture à Phoenix. Sur ce tracé urbain les monoplaces chaussées en pneus Pirelli s’y étaient retrouvées à leur avantage.
Podium en IMSA avec Ferrari
Parallèlement à la F1 il participe à l’épreuve de Mid-Ohio du championnat IMSA le 6 juin 1990. Engagé par Ferrari France aux côtés de Jean-Pierre Jabouille, l’équipage mène sa Ferrari F40 LM jusqu’à la troisième place.
Quelques jours seulement après cette expérience américaine, Olivier Grouillard prend le départ de ses premières 24 heures du Mans. Il partage le volant d’une Nissan R90 CK avec Kenny Acheson et Martin Donnelly. Malheureusement cette première expérience en endurance se solde par un abandon dès le départ de l’épreuve.
L’année 1991 ne s’annonce pas sous les meilleurs auspices pour le Toulousain. Fondmetal, le fabricant de jantes italien a absorbé Osella. Mais les moyens du team n’en demeurent pas moins limités.
Fondmetal rachète Osella et vire Olivier Grouillard
En 13 Grands Prix il ne parvient à se qualifier qu’à 4 reprises et ne termine qu’une seule course, à Spa-Francorchamps (dixième). Au soir du Grand Prix du Portugal il se fait écarter de l’équipe par Gabriele Rumi au profit de Gabriele Tarquini.
Grouillard fait le chemin inverse en prenant le baquet AGS laissé vacant par l’Italien. Mais la monoplace de Gonfaron n’est pas plus performante que la Fondmetal. Pire, la petite équipe française exsangue financièrement jette définitivement l’éponge au soir du Grand Prix d’Espagne.
A 33 ans il se retrouve sur la touche mais parvient à rebondir en 1992 dans une écurie au nom prestigieux: Tyrrell.
1992: Dernière saison en F1 avec Tyrrell
Malgré une grosse ambition affichée durant l’intersaison (Il déclarait devant la presse que son objectif était de devancer les Benetton) sa saison 1992 s’avère être catastrophique.
Tyrrell a perdu le moteur Honda et s’est rabattu sur le V10 Ilmor, moins performant que le propulseur japonais.
Malgré tout son équipier Andrea De Cesaris parvient régulièrement à tirer son épingle du jeu. Il le devance 14 fois sur 16 en qualifications, termine quatre fois dans les points et se classe neuvième du championnat.
Olivier Grouillard, quant à lui, termine la saison sur un score vierge en ayant abandonné à 12 reprises dont 5 fois sur accident.
A 34 ans il tourne définitivement le dos à la Formule 1 mais pas à la monoplace.
1993: Il tente l’aventure américaine en CART
Ils ne sont pas très nombreux les pilotes français à avoir tenté leur chance en Indycar. A l’instar de Stephan Grégoire, Sébastien Bourdais ou Simon Pagenaud, Olivier Grouillard en fait partie.
En 1993 il est engagé par Sal Incandella au sein de la modeste structure Indy Regency Racing pour disputer le championnat CART.
Hélas, il doit une nouvelle fois composer avec du matériel peu compétitif. En 11 manches disputées il ne marque que 4 points et ne parvient pas à se qualifier pour l’Indy 500, la plus mythique des course américaines.
Cette fois il en a bel et bien terminé avec la monoplace.
Fin de carrière en endurance
A partir de la saison 1994, Olivier Grouillard va essentiellement exercer son métier de racing driver dans des championnats d’endurance voire même uniquement à l’occasion des 24 heures du Mans.
Alors que la Formule 1 est encore sous le choc de la disparition brutale d’Ayrton Senna qu’il appréciait particulièrement il dispute sa deuxième classique mancelle.
Cela se solde une nouvelle fois par l’abandon en début de nuit de la Venturi 600 LM qu’il partage avec Michel Ferté et le Belge Michel Neugarten.
Un beau résultat au Mans avec McLaren en 1995
En 1995 il prend le volant d’une McLaren F1 GTR engagée par le Giroix Racing Team. C’est une autre McLaren qui s’impose au classement général des 24 heures du Mans mais avec Fabien Giroix et Jean-Denis Delétraz il se classe cinquième.
Egalement engagé dans le Global GT championship il renoue avec la victoire à trois reprises à Silvertone, Nogaro et Zhuhai.
Pilote officiel de Dodi Al-Fayed
En 1996 il continue de piloter une McLaren F1 GTR mais cette fois dans l’équipe britannique Harrods David Price Racing. Au Mans il se classe sixième en compagnie d’Andy Wallace et de la légende de l’endurance Derek Bell.
L’année suivante il monte en catégorie prototype et partage au Mans une Courage C36 avec Mario Andretti et son fils Michael. L’équipage franco-américain ne verra pas l’arrivée.
Baroud d’honneur en catégorie LMP
Pour ses deux dernières participations aux 24 heures du Mans en 1998 et 2000 Olivier Grouillard roule dans des prototypes Courage. Avec Henri Pescarolo et le jeune Frank Montagny il se classe à une lointaine seizième place. Mais pour sa dernière compétition automobile il réussit son meilleur résultat dans la Sarthe avec la quatrième place.
Henri Pescarolo a raccroché le casque et est devenu patron d’équipe. Le Pescarolo Sport engage au Mans des Courage C52 à moteur Peugeot. Le trio Olivier Grouillard – Sébastien Bourdais – Emmanuel Clérico échoue au pied du podium mais la première sortie en piste de l’équipe est une vraie réussite.
L’ancien pilote de F1 se reconvertit dans la carrosserie
A 42 ans Olivier Grouillard tourne définitivement le dos à la compétition pour se lancer dans l’entreprenariat. Depuis une vingtaine d’années il est à la tête de l’entreprise Fix Auto, un réseau de carrosseries franchisées d’origine canadienne.
Toujours installé dans son sud-ouest natal il demeure passionné de Formule 1 et passe ses loisirs à randonner dans les Pyrénées et à pratiquer le cyclisme.