1977-1993: L’âge d’or de la F1 française

Vous suivez la F1 depuis moins de 20 ans et vous n’avez jamais entendu retentir la Marseillaise pour célébrer la victoire d’un pilote français. Pourtant la France connut entre 1977 et 1993 une période faste durant laquelle les victoires et les pole positions étaient monnaie courante. Retour sur cette parenthèse enchantée.

Avant 1977, en 27 saisons de F1 seuls trois pilotes français étaient parvenus à monter sur la plus haute marche du podium (Maurice Trintignant 2 fois, François Cevert et Jean-Pierre Beltoise 1 fois). Mais il y a aujourd’hui plus de 40 ans tout a changé. L’équipe Ligier entamait sa deuxième saison avec Jacques Laffite tandis que Renault tentait le pari d’imposer le moteur Turbo. Le pétrolier Elf avait pour sa part créé le volant Elf cinq ans auparavant sous l’égide de son directeur de la compétition François Guiter. Le but était de détecter et d’accompagner les meilleurs talents français jusqu’au plus haut niveau. Bref toutes les conditions étaient réunies pour faire gagner la France en F1.

Dès le Grand Prix de Suède 1977, Jacques Laffite imposait sa Ligier à la surprise générale. A tel point que les organisateurs n’avaient pas envisagé une telle éventualité et ne s’étaient pas procuré de disque de la Marseillaise. Le natif de la capitale fut donc privé de son hymne sur le podium.

L’année suivante, Patrick Depailler décrocha sa première victoire à Monaco après avoir été un habitué des podiums depuis son engagement chez Tyrrell en 1974 suite au retrait de Jackie Stewart et à l’accident mortel de François Cevert. Peu à peu la colonie française  en F1 s’étoffait avec l’arrivée de nouveaux pilotes talentueux comme René Arnoux ou Didier Pironi.

A partir de 1979, la presse commença même à parler d’équipe de France de Formule 1 tant notre pays était sur-représenté dans la discipline. Cette même année Jacques Laffite remporta les deux premiers Grands Prix de la saison et lutta pour le titre mondial. De son côté, son beau-frère Jean-Pierre Jabouille gagna à Dijon et fut le premier à le faire avec une monoplace propulsée par un moteur suralimenté. Les Anglais qui se moquaient de la piètre fiabilité de la Renault deux ans auparavant n’avaient plus qu’à faire profil bas.

En 1980, cinq victoires furent décrochées par des pilotes tricolores mais le titre mondial se refusait toujours à la France. Un pilote qui débuta cette même année sur une McLaren allait pourtant faire changer les choses.

Vous aurez compris que je parle bien sûr d’Alain Prost qui lutta pour le championnat dès la saison suivante au volant d’une Renault. Malgré deux autres saisons et six victoires supplémentaires, « le Professeur » échoua dans son objectif de décrocher le titre avec le constructeur au losange. Pourtant Renault aurait pu porter réclamation en 1983 car la Brabham pilotée par le champion du monde Nelson Piquet utilisait une essence non conforme. Mais l’équipe souhaitait vaincre sur la piste et non pas devant les tribunaux. Je n’oublierais pas non plus d’évoquer la saison 1982 qui aurait certainement vu Didier Pironi devenir le premier champion du monde Français sans son terrible accident d’Hockenheim.

De 1984 à 1993, Alain Prost fut le seul pilote français vainqueur de Grands Prix mais il en décrocha 42 (sur un total de 51) durant cette période et devint champion du monde à 4 reprises avec McLaren puis Williams lors de sa dernière saison en 1993.

Depuis cette date seuls Jean Alesi en 1995 et Olivier Panis en 1996 firent retentir la Marseillaise. Le nombre de pilotes au passeport français engagés en F1 ne cessa ensuite de diminuer pour tomber à 0 en 2005, 2007, 2010 et 2011.

Cette année Pierre Gasly dispose enfin d’un contrat dans un top team. Sera-t-il en mesure de succéder enfin à Olivier Panis qui ne demande pas mieux que de perdre son titre de dernier pilote français vainqueur de Grand Prix?