Fiction « Jeannot » épisode 1
L’histoire est connue. En 1990 Jean Alesi était sur le point de signer un contrat avec Williams-Renault pour plusieurs saisons. Lassé des hésitations de Frank Williams l’Avignonnais au cœur Sicilien rejoindra finalement une Scuderia Ferrari moribonde tandis que les monoplaces anglo-françaises allaient enchaîner les victoires. Et finalement que se serait-il passé si la collaboration entre Alesi et Williams s’était concrétisée ?
Début 1990, avant que ne débute sa première saison complète de F1 chez Tyrrell, Jean Alesi est courtisé par plusieurs écuries. En premier lieu l’équipe pour laquelle il est sous contrat et qui souhaite poursuivre au-delà de la saison à venir avec lui. L’Avignonnais a réussi des débuts tonitruants dans la discipline en décrochant une splendide quatrième place pour son premier Grand Prix sur le circuit du Castellet en juillet 1989. En quelques courses il a marqué les esprits et s’est affirmé comme un futur grand espoir de la F1.
Ceci n’a pas échappé à Frank Williams qui dégaine le premier en faisant signer à Alesi un pré-contrat pour les saisons 1991-92 et 93. La décision d’engager ou non le Français devra se faire avant septembre. Ken Tyrrell n’a pas vraiment apprécié la manœuvre et entend porter l’affaire en justice. Au fond de lui il sait bien que Williams offrira à son jeune poulain une voiture capable de gagner et qu’il aura peu d’arguments à opposer pour l’inciter à rester. Mais un gros chèque de dédommagement pour laisser partir son pilote ferait le plus grand bien aux finances de son équipe.
Pour autant Alesi n’est pas le seul pilote que Williams courtise en vue de la saison 1991. Ayrton Senna s’est montré intéressé par l’association Williams-Renault qui monte en puissance et a pris contact avec l’équipe de Didcot.
Tout s’accélère au cœur de l’été 1990. Lassé par un énième abandon mécanique au volant de sa Ferrari alors qu’il menait son Grand Prix national, Nigel Mansell annonce à la surprise général son intention de prendre sa retraite sportive à la fin de la saison. Cesare Fiorio doit alors trouver un nouveau pilote pour épauler Alain Prost l’année suivante. Sur sa liste figurent plusieurs noms dont Jean Alesi, Alessandro Nannini, Yvan Capelli et Pierluigi Martini.
A Hockenheim Alesi fait part de son impatience à Frank Williams. Cela fait près de six mois qu’il a signé son pré-contrat et il ne voit toujours rien se concrétiser. Williams sait que Ferrari a des vues sur Alesi et sent que Senna discute avec lui surtout pour faire monter les enchères auprès de Ron Dennis. Après une nuit de réflexion il contacte Ken Tyrrell. Un accord est rapidement trouvé entre les deux hommes. Moyennant un dédommagement de 2 millions de dollars le Vauclusien est libre de signer avec l’équipe anglo-française. Son sang sicilien l’aurait bien volontiers envoyé du côté de Maranello mais il dispose là d’un contrat pluri-annuel au sein d’un top team. Avec une quinzaine de Grand Prix à son actif il considère que c’est déjà une avancée majeure dans sa carrière de pilote. Et puis son passeport français est un atout lorsque le motoriste s’appelle Renault.
En dépit d’une belle victoire en Hongrie et d’une saison globalement meilleure que son équipier, Thierry Boutsen n’est pas conservé au sein de Williams et c’est avec Riccardo Patrese que Jeannot fera équipe la saison prochaine. Le pilote de Padoue est un vieux briscard des circuits et son excellent retour technique est particulièrement apprécié de Patrick Head.
A la fin de l’été 90 la grille 91 se met peu à peu en place, du moins pour les top teams. Comme on pouvait s’y attendre Senna et Berger défendront toujours les couleurs de McLaren-Honda. Chez Ferrari Prost accueillera finalement Yvan Capelli. Un contrat a bien été proposé à Alessandro Nannini à l’occasion du Grand Prix du Portugal mais le Siennois a préféré rempiler avec Benetton, Cesare Fiorio ayant refusé de s’engager au-delà de la saison 91.
Malheureusement pour le pilote italien sa carrière s’achève brutalement entre les Grands Prix d’Espagne et du Japon 1990. Le 12 octobre il loue un hélicoptère pour se rendre dans la villa familiale de ses parents en Toscane. Hélas l’atterrissage se passe mal et l’appareil se crashe. Le pilote et deux autres passagers ne souffrent que de blessures superficielles mais Sandro a le bras sectionné par une pale de l’hélicoptère. Grâce à une greffe rapide il pourra retrouver un usage partiel de son membre mais s’en est terminé de sa carrière de pilote de F1.
C’est ainsi que Roberto Moreno se voit proposer par Flavio Briatore le baquet laissé vacant de la Benetton pour finir la saison 90. Avec Nelson Piquet déjà en place l’effectif de l’équipe italienne sera-t-il 100% brésilien pour 1991 ? Et bien non ! En dépit d’une très belle deuxième place à Suzuka derrière son équipier, Moreno n’est pas conservé. Pris de remords après avoir pris une décision sans doute trop hâtive Nigel Mansell se remet sur le marché des transferts. Trop tard pour rejoindre Williams. Il accepte finalement la proposition de Briatore qui est la seule alternative pour disposer d’une monoplace compétitive l’an prochain. Ce n’est pas de gaieté de cœur qu’il retrouve son meilleur ennemi Piquet mais l’ivresse du pilotage (et les millions de dollars offerts par Benetton) l’ont conforté dans ce revirement.
A suivre…