Les flops de la F1: Le passage éclair de Michael Andretti

Avec son ascendance prestigieuse, sa nationalité américaine et son titre de champion CART 1991, Michael Andretti avait sur le papier tous les atouts pour réussir en Formule 1. Mais son manque d’implication et son inadaptation à la culture européenne ont fait virer la belle histoire en farce.

Lorsque Michael Andretti signe avec McLaren fin 1992, l’équipe dirigée par Ron Dennis vit une période compliquée. A la recherche d’un moteur suite au retrait de Honda, elle doit également gérer les tergiversations d’Ayrton Senna qui refuse de signer un contrat longue durée sans avoir l’assurance de disposer d’un moteur performant pour 1993.

C’est dans ce contexte particulier qu’arrive Michael Andretti, 31 ans, chez les rouge et blanc. Avec son palmarès en monoplaces américaines il n’est pas un débutant comme les autres mais il a tout à apprendre de la Formule 1 dont la technologie est bien plus élaborée qu’en Indycar.

Américain jusqu’au bout des ongles et soucieux de son équilibre familial il décide de ne pas s’installer en Europe et préfère effectuer de nombreux allers-retours en avion. Ce choix l’exclut de la plupart des séances d’essais dont il aurait bien besoin pour parfaire sa connaissance de la MP4-8. Dans l’ombre c’est Mika Häkkinen qui se charge de ce travail ingrat mais nécessaire. Il en tirera tous les bénéfices quelques mois plus tard.

Archi-dominé par Senna en qualifications, il abandonne les trois premiers Grands Prix de la saison au bout de quelques hectomètres à la suite d’accrochages. A Imola il réussit enfin à boucler 32 tours mais abandonne à nouveau après un tête-à-queue. Il voit son premier drapeau à damiers quinze jours plus tard à Barcelone où il marque également ses premiers points (cinquième). Il termine également les deux courses suivantes à Monaco et Montréal mais à plusieurs tours du vainqueur, dont son propre équipier en Principauté.

Face à un tel désastre, la presse tire à boulets rouges sur Andretti et demande qu’on laisse sa chance à Häkkinen qui ronge son frein en coulisses. Malgré une sixième place à Magny-Cours le sort du fils de Mario semble scellé d’autant plus qu’il recommence à accumuler les erreurs de pilotage à Silverstone (tête-à-queue dans le premier tour) et Hockenheim (accident au quatrième tour).

Malgré un podium chanceux à Monza, Ron Dennis lui signifie la rupture de son contrat et offre à Häkkinen la possibilité de se mesurer à Senna lors des trois dernières courses de la saison.

Avec le Finlandais au volant de la n°7 le contraste est saisissant. Pour la première fois de l’année, Senna est battu en qualifications par son équipier à Estoril. A Suzuka, il monte sur son premier podium aux côtés de Senna et Prost.

De son côté, Michael Andretti a pris son billet retour pour le championnat Indycar où il renouera avec le succès avant de devenir directeur d’équipe tout en rayant de sa mémoire cette facheuse expérience.