Damon Hill a sa place parmi les grands de la F1

Peut-être est-ce dû à sa discrétion ou à l’aura de son prestigieux rival de l’époque, Michael Schumacher, mais lorsqu’on cite les noms des plus grands pilotes de F1, Damon Hill fait rarement partie de la liste. Pourtant si l’on revient en détail sur sa carrière et sa personnalité, on s’aperçoit que le bilan est particulièrement flatteur pour le champion du monde 1996.

Contrairement à ce que pourrait laisser penser son célèbre patronyme, la jeunesse de Damon Hill n’a pas été dorée, loin s’en faut. Lorsque son père Graham se tue dans un accident d’avion en compagnie d’une bonne partie de son équipe de F1 Embassy-Hill, le jeune garçon est âgé de 15 ans. N’ayant pas respecté les consignes des contrôleurs aériens alors qu’il était aux commandes de son Piper, les parents des autres victimes du crash se sont retournés contre la famille Hill pour demander réparation.

Les compagnies d’assurance ont évidemment refusé de mettre la main à la poche et Bette, la veuve de Graham, a été contrainte de vendre une grande partie de ses biens. C’est ainsi que Damon s’est retrouvé coursier ou ouvrier du bâtiment.

Partageant les gènes de la compétition avec son double champion du monde de papa, Damon a commencé par s’engager dans des courses motocyclistes avant que sa mère, estimant cela moins dangereux, ne l’incite à passer sur quatre roues.

Laborieusement, il gravit les échelons de la F3 et de la F3000 sans se constituer un palmarès suffisant pour attirer l’attention d’un team manager de F1. Finalement Frank Williams aura le nez fin en l’engageant au poste de troisième pilote en 1991. Les deux titulaires Nigel Mansell et Riccardo Patrese diront plus tard qu’il aura grandement contribué à l’obtention des titres mondiaux de la saison 1992. Cette même année il fera ses débuts en Grand Prix au volant d’une monoplace d’une écurie Brabham à bout de souffle aussi bien techniquement que financièrement. Qualifié seulement deux fois, il subira le retrait définitif de l’équipe au soir du Grand Prix de Hongrie.

Sa chance il la saisira en 1993 lorsque Frank Williams le titularise aux côtés d’Alain Prost. A 32 ans sa carrière est enfin lancée. Pour sa première saison complète il est loin d’être ridicule en signant trois victoires consécutives à la fin de l’été et en terminant troisième du championnat à seulement 4 points d’Ayrton Senna. Le Brésilien deviendra son équipier l’année suivante après le retrait de Prost.

L’accident mortel de Senna à Imola va dramatiquement le propulser dans le rôle de leader du team champion du monde. Au sein d’une équipe Williams traumatisée il va relever le gant et disputer le titre à Michael Schumacher jusqu’à la dernière course (bien aidé tout de même par les diverses pénalités infligées à l’Allemand par le pouvoir sportif).

Toujours élégant et fair play il applaudira même Michael Schumacher depuis le bord de la piste après l’impressionnante victoire de son rival au Grand Prix du Nürburgring 1995 et ne pourra rien faire contre la domination du tandem Benetton-Renault / Schumacher cette année-là.

1996 sera son année et ni Jacques Villeneuve son nouvel équipier, ni Michael Schumacher ne l’empêcheront de coiffer la couronne mondiale avec huit victoires. Comme souvent dans l’équipe de Grove, les prétentions financières à la hausse de ses champions du monde sonnent le glas de leur baquet et Damon trouve refuge dans la modeste Arrows-Yamaha en 1997.

Accablé par les ennuis techniques il frôle l’exploit lors du Grand Prix de Hongrie en ratant la victoire pour quelques hectomètres face à Jacques Villeneuve. En 1998 il est transféré dans l’équipe Jordan à qui il offre sa première victoire à Spa sous une pluie battante. L’année 99 sera l’année de trop et ultra dominé par son équipier Frentzen il raccroche le casque à l’âge de 39 ans.

Vaincre au volant d’une voiture modeste a souvent été l’apanage des plus grands et Hill est passé tout près de réussir cet exploit à deux reprises. En seulement 115 Grands Prix il s’est forgé un joli palmarès:

  • Un titre de champion du monde (1996)
  • 22 victoires soit près d’un Grand Prix sur cinq (mieux que Lauda, Alonso ou Piquet)
  • 20 pole positions
  • 42 podiums (35%)

Après sa retraite, Damon Hill devient président du British Racing Drivers’ Club de 2006 à 2011 et reste depuis un observateur attentif et passionné du sport automobile.