Michele Alboreto: Un pilote gentleman au destin tragique
A l’image de sa mort tragique en 2001 à l’âge de 44 ans, c’est dans la discrétion que Michele Alboreto a marqué le sport automobile mondial. Il reste pourtant à ce jour le dernier pilote italien à avoir lutté pour le titre de champion du monde de F1. C’était en 1985 au volant d’une Ferrari et face à Alain Prost s’il vous plaît! Durant ses 14 saisons de Formule 1 il a cotoyé les plus grands. De Senna en passant par Piquet, Mansell ou Rosberg il les a tous battu à un moment ou à un autre. Pourtant son nom est rarement prononcé lorsqu’on évoque ces années-là. Il suffit de revenir sur son parcours pour se rendre compte que ce n’est absolument pas mérité.
Michele Alboreto: Une fulgurante ascension vers la F1
En naissant à Milan, à un jet de pierre du circuit de Monza, Michele Alboreto a très vite attrapé le virus du sport auto. Dès sa majorité, il participe à de petites courses d’amateurs et se passionne pour les grandes compétitions.
La mort de Ronnie Peterson en 1978 dans un hôpital milanais tout près de chez lui le marque particulièrement. Le Suédois avait été victime d’un accident au départ du Grand Prix d’Italie la veille. Durant toute sa carrière son casque arborera les couleurs bleu et jaune du drapeau suédois en hommage au pilote disparu.
En 1978 il remporte son premier titre majeur en devenant champion d’Italie de Formule Fiat-Abarth.
Parmi les meilleurs pilotes de Formule 3 européens
Grâce à ce titre il passe en Formule 3 en 1979 et ne tarde pas à se faire remarquer. Dans le championnat italien il remporte trois victoires et se classe deuxième au général derrière Piercarlo Ghinzani.
En F3 Europe il se frotte à un niveau encore supérieur. Il partage pour la première fois la piste avec un certain Alain Prost, le champion 1979. En tant que débutant Michele Alboreto ne lutte pas encore pour le titre mais en 6 courses il signe deux pole positions et obtient deux podiums. Il termine cette saison à la sixième place finale.
1980: Champion de Formule 3 Europe
L’année suivante il reste fidèle à l’équipe Euroracing qui lui fournit un châssis March 803 motorisé par un bloc Alfa Romeo.
Il remporte 4 courses, signe 3 pole positions et décroche le titre de champion avec une avance de 6 points sur le Belge Thierry Boutsen et de 10 points sur son équipier Corrado Fabi.
Cette même année il s’essaie à la catégorie sport-prototypes. Engagé sur une Lancia Beta Montecarlo il participe à quatre épreuves. C’est une réussite pour le jeune italien qui décroche autant de podiums que d’engagements, dont une victoire.
1981: Le début d’une longue carrière en Formule 1
L’année 1981 est s’avère cruciale pour la suite de la carrière de Michele Alboreto.
Après son titre en F3, il monte logiquement dans la catégorie supérieure, la Formule 2. Fidèle aux équipes italiennes, il pilote pour le Minardi Team. En 10 courses il remporte une victoire et se classe huitième du championnat.
Mais ce championnat de F2 va très vite passer au second plan pour le Milanais.
Le Comte Zanon, ancien mécène de Ronnie Peterson, va le prendre sous son aile. En F1, Ken Tyrrell est en quête d’un pilote payant. Si en plus il est talentueux c’est encore mieux!
C’est ainsi que, moyennant de l’argent frais bienvenu pour une équipe qui a perdu tout son lustre d’antan, Michele fait ses grands débuts en F1 à Imola en 1981.
La Tyrrell 010 ne lui permet pas de jouer aux avant-postes mais à son volant il n’est pas ridicule comparé à son équipier Eddie Cheever.
Malgré son double championnat F1/F2, il poursuit sa collaboration avec le Martini Racing. C’est ainsi qu’il participe à ses premières 24 heures du Mans à bord d’une Lancia Beta Montecarlo en compagnie d’Eddie Cheever et de Carlo Facetti. Une épreuve qu’il termine à la huitième place.
Michele Alboreto offre à Tyrrell ses dernières victoires en F1
En 1982 Michele est reconduit par Tyrrell. Désormais l’équipe britannique est équipée de pneus Goodyear bien plus performants que les Avon de l’année précédente. Malgré un V8 Ford DFV atmosphérique moins puissant que les moteurs turbo, il va réussir, en certaines circonstances, des performances de premier plan. Grâce à lui l’équipe de Ken Tyrrell va retrouver un peu de sa gloire perdue.
Une saison 1982 particulièrement convaincante
Dès le début de la saison 1982, les performances de Michele Alboreto sont en net progrès par rapport à 1981.
Septième à Kyalami lors de la manche d’ouverture il manque de peu ses premiers points en Formule 1. Il n’aura pas à attendre longtemps pour réussir puisqu’il termine quatrième au Grand Prix suivant à Jacarepagua.
Une performance qu’il réitère 15 jours plus tard sur le circuit de Long Beach sur lequel son définit de puissance est moins handicapant.
C’est sur ses terres, à Imola, qu’il monte sur son premier podium derrière les deux Ferrari de Didier Pironi et Gilles Villeneuve. Un Grand Prix mémorable à plus d’un titre puisque boycotté par les constructeurs britanniques de la FOCA. Ce fût aussi la course qui marqua le début de la guerre entre Pironi et Villeneuve conduisant indirectement à l’accident mortel du Canadien à Zolder.
Au terme des 4 premières courses de la saison 1982 Michele Alboreto pointe au troisième rang du championnat des pilotes. Quel progrès par rapport à 1981!
Après un long passage à vide en raison de multiples casses mécaniques, le Lombard retrouve le chemin des points en France avec la sixième place, suivie d’une belle quatrième place en Allemagne.
A Monza, tout près de chez lui, il prend la cinquième place. Il ne reste plus alors qu’un Grand Prix à disputer à Las Vegas. Mais quoi qu’il arrive il aura déjà réussi une brillante saison 1982.
Grand Prix de Las Vegas 1982: La sensationnelle victoire de Michele Alboreto
En arrivant à Las Vegas Keke Rosberg et sa Williams affichent le statut de grand favori pour le titre de champion du monde. Son seul concurrent, John Watson accuse un retard de 9 points et seul un formidable concours de circonstances pourrait faire pencher la balance en sa faveur.
Le circuit de ce Grand Prix de Las Vegas, tracé sur le parking du casino Caesar Palace, fait l’unanimité contre lui. Inintéressant, poussiéreux et sans âme il faudra pourtant faire avec pour achever cette saison particulièrement dramatique.
Gilles Villeneuve s’est tué à Zolder, Riccardo Paletti à Montréal et Didier Pironi a perdu toute chance de titre après un très grave accident à Hockenheim.
Michele Alboreto principal adversaire des Renault Turbo
Aux essais qualificatifs, les Renault de Prost et Arnoux ne font pas de détail et monopolisent la première ligne. Juste derrière, leur principal opposant n’est autre que la Tyrrell 011 de Michele Alboreto. Il s’agit de la meilleure qualification de sa carrière.
Au départ l’Italien conserve sa position derrière les deux monoplaces jaune et noir. Son envol est plutôt mouvementé puisqu’il frotte la Ligier de son ancien équipier Eddie Cheever en tentant de défendre sa place. Au vingtième tour il passe second après l’abandon de René Arnoux dans les stands.
En tête Prost creuse l’écart jusqu’à ce que ses freins et ses pneus défaillants ne l’obligent à lever le pied. Peu à peu le Français voit grossir la Tyrrell dans ses rétroviseurs.
Au 52ème tour Alboreto porte son attaque et passe Prost qui ne peut plus lutter à cause de terribles vibrations dans sa direction.
Fin de quatre ans et demi de disette pour Tyrrell
Sous le regard tendu de Ken Tyrrell dont l’équipe n’a plus connu les joies de la victoire depuis celle de Patrick Depailler à Monaco en 1978, le Milanais ne flanche pas.
Il boucle les 23 tours restants en tête et remporte à 25 ans son premier Grand Prix de Formule 1 devant Watson et Cheever. Il devient ainsi le onzième vainqueur différent de cette saison si particulière.
Sur le podium il est félicité par Diana Ross en personne. Ken Tyrrell est fou de joie. Depuis le début du week-end il avait un heureux pressentiment. Ses mécanos qui avaient suivi son conseil de parier sur la victoire de Michele peuvent lui dire merci. Avant les essais sa cote était de 20 contre 1.
La première saison complète en F1 de Michele Alboreto s’achève au huitième rang mondial. Un bilan qui attire un gros sponsor qui restera durablement en F1. La marque de prêt-à-porter italienne Benetton. En 1983 les monoplaces d’Oncle Ken seront peintes en vert.
Michele Alboreto offre la dernière victoire en F1 à son équipe Tyrrell
Malgré ce gros commanditaire, Alboreto doit composer avec l’ancien châssis 011 pendant les deux tiers de la saison 1983.
Dépassé en terme de puissance par les moteurs turbo malgré l’adoption du V8 Ford-Cosworth DFY et privé d’évolution majeure sur la voiture les performances s’en ressentent. Après les six premières courses il n’a marqué aucun point. C’est alors qu’arrive le Grand Prix des Etats-Unis Est à Detroit.
Pour Tyrrell il s’agit de la dernière chance de la saison de briller. Les rapides circuits de l’été ne leur seront pas favorables du tout.
Lors des essais, le Milanais signe sa meilleure qualification de la saison avec le sixième temps derrière Marc Surer qui dispose lui-aussi d’un V8 Cosworth.
Sur ce circuit lent où la consommation est plus faible, Ken Tyrrell et son pilote tente le pari d’effectuer toute la course sans ravitailler. Cette stratégie s’avère payante puisqu’à partir de la mi-course Alboreto est deuxième derrière Nelson Piquet.
Pourtant le Brésilien et sa Brabham-BMW semblent également sur la même stratégie. A la régulière il sera quasi-impossible de les battre. Le pilote Tyrrell se résigne donc à se contenter d’une belle deuxième place. Il marquerait ainsi de belle manière ses premiers points de la saison.
Mais un simple clou va faire basculer la course en sa faveur. Un clou sur lequel va rouler Nelson Piquet et qui va provoquer une crevaison lente. Au ralenti dans le 51ème tour alors qu’il tente de regagner les stands, le Carioca voit la monoplace verte prendre la tête.
Il ne la quittera plus et s’impose pour la seconde fois de sa jeune carrière devant Rosberg et Watson. Dans son pays Ford place trois de ses moteurs aux trois premières places.
Un volant chez Ferrari grâce à Yannick Noah?
Ce week-end de Détroit coïncide avec la date de la finale du tournoi de Roland Garros opposant Yannick Noah à Mats Wilander. Avec le décalage horaire elle a lieu à l’heure du warm up matinal.
Beaucoup de pilotes suivent l’évènement d’un oeil depuis les stands mais Patrick Tambay s’attarde un peu plus et arrive en retard pour la séance. Ce comportement sera jugé peu professionnel par la presse italienne le lendemain. D’autant plus que le Cannois a calé au départ de la course alors qu’il lutte pour le titre.
Depuis Maranello Enzo Ferrari est furieux. On ne saura jamais si cet incident a été le déclencheur de l’éviction de Tambay. Mais c’est bien à Michele Alboreto, le vainqueur du jour, que le Commendatore va proposer un volant pour la saison 1984.
Michele Alboreto devient le premier pilote italien chez Ferrari depuis 1967
C’est peu avant la finale de la saison 1983 disputée à Kyalami qu’est officialisée l’arrivée d’Alboreto chez Ferrari pour 1984. Le dernier compatriote a avoir eu cet honneur était Lorenzo Bandini. Il fera équipe avec René Arnoux qui est conservé.
De beaux débuts en rouge pas toujours récompensés
Dès le premier Grand Prix de la saison au Brésil, Michele Alboreto se distingue en partant depuis la première ligne et en menant largement les 11 premiers tours. Hélas ses freins le lâchent et cette première association Alboreto-Ferrari se solde par un abandon.
Un problème d’alimentation le prive d’une quatrième place à Kyalami mais à Zolder l’Italien se montre imbattable. En pole position avec plus d’une demi-seconde d’avance sur Arnoux il mène de bout en bout. Il ne lui aura pas fallu plus de trois Grands Prix pour mener une Ferrari jusqu’à la victoire. Le dernier Italien à avoir gagné avec Ferrari était Ludovico Scarfiotti en 1966 à Monza.
Mais en 1984 l’équipe qui domine s’appelle McLaren-TAG-Porsche avec le duo Niki Lauda – Alain Prost. La Ferrari est trop inconstante et surtout trop peu fiable pour permettre à Arnoux et Alboreto de s’immiscer dans la course au titre.
Grâce à quelques places d’honneur, dont une seconde place à Monza, Alboreto se classe tout de mène quatrième du championnat mais très loin des McLaren. Il pourra se satisfaire d’avoir fait un peu mieux que René Arnoux sur l’ensemble de la saison.
1985: Le titre mondial à portée de main
Même si la Lotus d’Elio de Angelis a pu faire illusion sur la première moitié de l’année, la saison 1985 se résume à un duel Prost / Alboreto.
Jusqu’en Allemagne, alors qu’il vient de signer sa deuxième victoire de la saison, le pilote Ferrari mène au classement face au Français. Mais à partir du Grand Prix des Pays-Bas les monoplaces rouges marquent le pas en terme de performance.
Pire encore, la fiabilité devient désastreuse, à tel point qu’il doit abandonner les 5 dernières courses sur panne mécanique.
Dans ces circonstances, Prost s’adjuge le titre mondial à Brands Hatch à deux manches de la fin de la saison. Alboreto reste vice-champion mais à 20 points derrière le pilote McLaren.
Il ne le sait pas encore mais il ne remportera plus aucun Grand Prix de sa carrière qui est pourtant loin d’être terminée.
1986: La désillusion
La Ferrari F186 n’est pas dans le coup. Les Williams-Honda de Piquet et Mansell, la McLaren-TAG-Porsche de Prost et la Lotus-Renault d’Ayrton Senna dominent clairement les monoplaces rouges.
Pour couronner le tout la fiabilité n’est toujours pas au rendez-vous.
Dans ce contexte, Michele Alboreto dégringole dans la hiérarchie. Accablé par les pannes il ne rentre que quatre fois dans les points et ne signe qu’un seul et unique podium en Autriche. Neuvième du championnat il est même nettement devancé par son équipier Stefan Johansson. Le suédois monte sur quatre podiums et prend la cinquième place finale.
1987-1988: Michele Alboreto clipsé par Gerhard Berger
Après deux saisons chez Ferrari, Alboreto est rejoint par le jeune et prometteur Gerhard Berger. L’Autrichien a le vent en poupe après sa belle saison 1986 chez Benetton et notamment grâce à sa victoire au Mexique.
La Ferrari F187 a retrouvé de la compétitivité par rapport à sa devancière mais sa fiabilité est toujours aussi catastrophique. Et peut-être même encore pire.
Berger et Alboreto ne comptent plus leurs abandons sur pannes (11 pour l’Italien!) mais l’Autrichien sauve sa saison en remportant les deux derniers Grands Prix à Suzuka et Adélaïde. Cinquième du championnat avec 36 points il laisse son équipier et ses 17 points loin derrière lui.
En 1988 les Ferrari sont devenus la deuxième force du plateau. Hélas, les McLaren-Honda sont tellement dominatrices qu’elles ne laissent rien aux autres.
Seule l’incompréhension entre Jean-Louis Schlesser et Ayrton Senna à Monza permettra à Berger et Alboreto de signer un retentissant doublé quelques jours après la disparition d’Enzo Ferrari.
D’un point de vue sportif il n’y a pas photo. Berger se qualifie 16 fois en 16 courses devant l’Italien et monte sur le podium final de la saison. Pour Alboreto l’affaire est entendue. Il devra aller voir ailleurs en 1989 et laisser sa place à Nigel Mansell.
1989-1994: Une si lente agonie
Après la non-reconduction de son contrat à Maranello, Michele Alboreto fait son retour chez Tyrrell en 1989. L’écurie manque d’argent et poursuit sa dégringolade dans la hiérarchie. Pour le Lombard ce n’est que le début d’une longue descente aux enfers qui va s’étaler sur six saisons.
Bref baroud d’honneur avec la Tyrrell 018
Dixième au Brésil et non-qualifié à Imola, le nouveau pilote Tyrrell prend ses marques à Monaco où il termine cinquième.
Libéré de la pression étouffante de la presse italienne son pilotage s’en ressent et il se qualifie à une belle septième place au Mexique. Mais le meilleur est à venir puisqu’après une course solide il termine troisième. Un podium qui a des allures de victoire compte tenu du matériel mis à sa disposition. Aucun pilote Tyrrell n’avait atteint le top 3 depuis sa propre victoire à Détroit en 1983!
L’histoire avec l’écurie de ses débuts aurait pu être belle. Mais il était soutenu par Marlboro alors que le team était sur le point de signer un contrat de partenariat avec Camel. Face à cette incompatibilité de sponsors, il décide de rester loyal avec ceux qui le soutiennent depuis des années et casse son contrat. Ken Tyrrell engage dès le Grand Prix de France le jeune Jean Alesi. Personne n’a oublié son fantastique premier Grand Prix qui l’a conduit jusqu’à la quatrième place.
Sur la touche pendant deux courses, Alboreto rebondit avec Larousse chez qui il termine de manière anonyme la saison 1989.
1990-1991: Au volant d’une Arrows totalement dépassée
En 1990 le vice-champion 1985 signe avec l’équipe Arrows. La A11B à moteur Cosworth le condamne aux fonds de grille et même en certaines circonstances aux non-qualifications. Pour la première fois de sa carrière il termine une saison de F1 sans avoir marqué le moindre point.
Son équipier Alex Caffi fait plus ou moins jeu égal avec lui et décroche même une belle cinquième place à Monaco.
En 1991 Arrows prend de nom de son principal sponsor Footwork et débute l’année avec un inédit V12 Porsche. Ce moteur manque de développement et s’avère être une catastrophe. D’un commun accord le contrat de fourniture est cassé au soir du Grand Prix du Canada et Footwork revient au bon vieux V8 Cosworth.
Pour autant ce changement n’apporte aucune amélioration et Alboreto achève la saison 1991 avec 7 non-qualifications, 7 abandons et un score toujours vierge.
1992: Une saison solide avec la Footwork Mugen-Honda
Malgré deux années passées en queue de peloton la passion de la course n’a pas quitté le pilote Footwork. Il décide de rempiler pour une troisième saison avec cette équipe qui dispose en 1992 d’un V10 Mugen Honda.
La FA13 ne lui permet pas de jouer aux avant-postes mais grâce à elle il retrouve les joies des bagarres en milieu de peloton.
Dès le début de saison il rentre trois fois consécutivement dans les points au Brésil (P6), en Espagne (P5) et à Saint-Marin (P5). Il marquera un autre point à Estoril en ayant cumulé entre temps pas moins de six arrivées à la septième place. A une époque où seuls les 6 premiers marquaient c’est rageant!
Au bilan de cette saison 1992 il pourra se satisfaire d’avoir été le pilote le plus fiable avec 911 tours parcourus et seulement 2 abandons.
1993: Retour cauchemardesque au moteur Ferrari
1993 marque le retour de Lola en qualité de constructeur avec l’équipe Lola BMS Scuderia Italia. Un projet 100% italien puisque outre les capitaux, le moteur (un V12 Ferrari) et les pilotes (Luca Badoer et Michele Alboreto) viennent de l’autre côté des Alpes.
Hélas les deux pilotes vont très vite déchanter en se rendant compte qu’ils disposent de la pire monoplace de la saison. Alternant entre les non-qualifications, les abandons et quelques arrivées hors des points, l’équipe disparaît purement et simplement au soir du Grand Prix du Portugal après un projet de fusion raté avec Minardi.
1994: Michele Alboreto quitte la F1 par la petite porte
C’est pourtant avec la Scuderia Minardi que Michele Alboreto va encore rebondir en 1994. Mais pour une dernière fois. A 38 ans et après plus de 200 engagements en Grands Prix il décide d’arrêter les frais après le Grand Prix d’Australie, jour du premier sacre mondial de Michael Schumacher.
Mis à part une miraculeuse sixième place à Monaco, cette saison 1994 ne lui apporte pas beaucoup de satisfactions. Les drames ont largement pris le dessus.
A Imola il vit en direct les disparitions de Roland Ratzenberger et d’Ayrton Senna. Il est même l’acteur involontaire d’un autre mini-drame lorsqu’en fin de course il perd une roue dans les stands et blesse plusieurs mécaniciens.
Lors des obsèques du champion brésilien il fait partie des pilotes à porter son cercueil en compagnie d’Alain Prost ou d’Emerson Fittipaldi.
Michele Alboreto s’affirme comme un acteur majeur de l’endurance
Malgré sa retraite sportive en F1, l’ex-pilote Ferrari n’en a pas terminé avec le sport automobile. Dès 1995 il s’essaie au DTM avec Alfa Romeo puis en Indycar en 1996 et 1997. Il participe même aux 500 Miles d’Indianapolis 1996 (P30). Mais c’est en endurance qu’il va connaître ses derniers succès sportifs.
1997: Victoire aux 24 heures du Mans
Parallèlement à ses expériences américaines, il est engagé par Joest Racing pour participer aux 24 heures du Mans 1996 sur une TWR-Porsche. La première tentative se solde par un abandon.
En 1997 l’équipe le reconduit avec Stefan Johansson qu’il connaît bien et un Danois du nom de Tom Kristensen. Dans une édition particulièrement difficile (28 abandons au total) le trio émerge du chaos en toute fin d’épreuve et s’impose face à la McLaren F1 GTR de Gounon-Raphanel-Olofsson.
Michele n’avait plus remporté d’épreuve mondiale depuis 12 ans! Quant à Tom Kristensen il s’agissait là de la première de ses 9 victoires dans la Sarthe.
En 1998 il retente l’expérience avec Stefan Johansson et une autre légende du Mans: Yannick Dalmas. Leur Porsche LMP1-98 abandonne après 107 tours.
Pionnier de l’épopée Audi
En 1999 l’équipe Joest Racing avec laquelle il s’était imposé au Mans devient l’équipe officielle du constructeur Audi. Avec Laurent Aïello et Rinaldo Capello il prend la quatrième place de la classique Mancelle.
Il monte sur la troisième marche du podium en 2000 toujours avec Capello et Daniel Abt et remporte le Petit Le Mans dans le championnat ALMS où l’Audi R8 est aussi engagée.
Son bagage technique et son expérience sont particulièrement appréciés par le Docteur Ullrich. Il est donc reconduit pour la saison 2001 qu’il débute par une belle victoire aux 12 heures de Sebring avec Laurent Aïello et Rinaldo Capello. Il s’agit du dernier succès de sa carrière.
Un décès dans la discrétion
Le 25 avril 2001, Michele Alboreto effectue des tests préparatoires pour les 24 heures du Mans sur le Lausitzring. Soudain, à plus de 300 km/h c’est l’accident. Une crevaison du pneu arrière-gauche déséquilibre son Audi R8 et l’envoie en tonneau.
Le proto termine sa course folle à l’envers de l’autre côté du rail. Ses blessures à la tête ne lui laissent aucune chance. Il meurt sur le coup à l’âge de 44 ans.
A l’image de sa carrière, la vie de Michele Alboreto s’est terminée dans l’anonymat d’une séance d’essais sans public. Il a payé au prix fort sa passion inébranlable du pilotage à un âge où la plupart de ses contemporains avaient raccroché le casque.
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